Conception, comment la préparer ?
Par Dr Lavinia NANU, médecin :
Le bébé modèle sa structure physique, mentale, émotionnelle et spirituelle en fonction de la qualité du rapport sexuel fécondant et de toute la période prénatale.
Les cellules reproductrices masculine (le spermatozoïde) et féminine (l’ovocyte) reflètent l’état de santé des deux géniteurs et gardent la quintessence de leurs énergies.
Les ovocytes se forment dans les ovaires de la femme pendant sa propre période prénatale en tant que fœtus – alors qu’elle se trouvait donc dans le ventre de sa propre mère – et ils dépendent directement de l’harmonie ou de la disharmonie hormonale prévalant durant cette étape précoce de sa vie.
Les spermatozoïdes sont produits pendant toute la vie fertile de l’homme et dépendent immédiatement des circonstances : maladies, médicaments, exposition aux polluants, aux substances toxiques, aux radiations, etc.
Une préparation minimale de six mois pour les futurs parents avant la conception est nécessaire.
Préparation physique :
Le cas échéant, il est indispensable de renoncer à l’alcool, aux cigarettes, aux « substances récréationnelles » ou à la drogue.
Lors de traitement médicamenteux de longue durée, consulter son médecin traitant pour voir s’il est possible d’arrêter.
Adopter une alimentation saine – pas nécessairement coûteuse : éviter les produits industrialisés, appauvris ou dénaturés par la transformation alimentaire, contenant des additifs, des colorants et des conservateurs. En revanche, introduire dans sa diète des produits frais, notamment des fruits, des légumes ou des aliments complets à base de céréales, etc. La viande rouge, le lait et le poulet peuvent contenir des hormones et des antibiotiques. Il est souhaitable que les futurs parents privilégient les aliments biologiques – et s’assurent qu’ils le sont vraiment. A cette fin, qu’ils pensent à emporter une loupe de poche lors de leurs achats, pour lire les étiquettes de produits, souvent écrites en tous petits caractères.
Éviter de manipuler des solvants, des produits de nettoyage agressifs, des pesticides, des insecticides, des engrais, etc.
Éviter les perturbateurs endocriniens. Ces substances, qui miment l’effet des œstrogènes dans l’organisme aussi bien de la femme que de l’homme, peuvent être sources d’infertilité, produire des défauts congénitaux, des troubles du développement chez l’enfant, des tumeurs. Les perturbateurs – ou disrupteurs – endocriniens proviennent de la dégradation de certains plastiques, des huiles minérales, des pesticides, des polluants organiques. Aussi, est-il conseillé d’éviter les cosmétiques ou savons à base d’huile minérale et tout produit d’origine pétrochimique, ainsi que les vêtements en polyester. Ne pas chauffer au four à micro-ondes des produits enveloppés de plastique; éviter d’utiliser des pulvérisateurs contre les insectes, etc.
Arrêter les contraceptifs – si c’est le cas – plusieurs mois avant le moment choisi pour la conception et les remplacer, pendant cette période de préparation, par des moyens de contraception naturels : l’utilisation du calendrier menstruel et le préservatif.
Faire un contrôle sanguin pour vérifier la fonction hépatique, le taux de fer, la glycémie, la présence éventuelle des signes immunologiques des hépatites B ou C, de la rubéole, du toxoplasme…
Stabiliser son poids et sa glycémie est important pour les deux parents, mais tout particulièrement pour la future maman; les études médicales prouvent que l’excès de poids et l’hyperglycémie de la mère pendant la période prénatale augmentent de manière significative chez l’enfant les risque d’obésité, de diabète ou risques cardiovasculaires, y compris plus tard dans leur vie.
Préparation psychologique :
Éviter le stress, les émotions destructives, les pensées négatives. Les recherches scientifiques prouvent que les facteurs du milieu intérieur – tout comme ceux du milieu extérieur mentionnés ci-dessus – sont d’une importance cruciale pour préparer la conception et la période prénatale.
Sous l’impact du stress et des émotions très intenses ou qui persistent pendant une longue période, le système nerveux produit des molécules signaux, neurotransmetteurs, qui agissent sur la membrane cellulaire, influençant l’activation de l’ADN présent dans le noyau – et implicitement de gènes responsables de certaines particularités physiques, ainsi que de certaines prédispositions physiologiques et comportementales.
Ce processus est continu. C’est pourquoi, pour se trouver dans un bon état de santé physique et psychologique au moment de la conception, les futurs parents doivent adopter des comportements permettant de prévenir et évacuer le stress, et pratiquer des techniques de relaxation et de respiration, afin d’assurer leur équilibre émotionnel. La nature offre des ressources idéales de « reprogrammation émotionnelle ». On peut en profiter entre autres en s’adonnant à des activités sportives en plein air, en faisant des promenades et des randonnées, etc.
De la même façon, l’art –notamment la musique–, la créativité, la prière, la méditation peuvent faciliter une communication profonde et authentique avec soi-même et au sein du couple.
Prévenir et résoudre les conflits. Durant cette période de préparation, il est essentiel de guérir les traumatismes émotionnels, de s’accorder avec les autres et surtout de réaliser l’harmonie dans le couple. Tout au long de la grossesse et après la naissance de l’enfant, les nombreux défis auxquels les futurs parents ne manqueront pas de se voir confrontés peuvent aggraver les disparités entre eux s’ils ne sont pas pris en compte et gérés avant la conception.
Préparation consciente :
Il est souhaitable que, même avant la conception, les parents pensent à leur futur enfant avec amour et respect, méditant à l’unicité de l’être qui naîtra sur terre à travers eux.
En se laissant guider par l’intuition, les parents sauront faire les meilleurs choix relatifs à la façon de préparer leur foyer, à l’ambiance dans laquelle ils vont accueillir l’enfant, aux conditions qui lui offriront sécurité, harmonie, stimulation et surtout beaucoup d’amour.
L’ouverture du couple aux changements que supposent cette préparation et cette façon d’accueillir le nouvel être dans leur vie permettra aux futurs parents de créer des liens indestructibles entre les générations.
Conception :
Grâce aux recherches médicales, on sait que la femme peut concevoir un enfant pendant une période bien déterminée du cycle menstruel. La probabilité est maximale pendant 6 jours : celui de l’ovulation et les 5 qui le précèdent.
L’ovulation est le processus au cours duquel l’ovule (la cellule reproductrice féminine) est expulsé des ovaires. Si un rapport sexuel a lieu pendant cette période, l’ovule émet des signaux et attire un des milliards de spermatozoïdes (cellules reproductrices masculines) présents, avec lequel il fusionne, participant à la création du futur être.
Il suffit d’un calcul très simple pour connaître la période de fertilité: elle est comprise entre le 10e et le 18e jours – pour un cycle menstruel de 28 jours ; entre le 12e et le 20e jours – pour un cycle menstruel de 32 jours; entre le 7e et le 15e jours – pour un cycle menstruel de 22 jours.
Les femmes qui connaissent bien leur corps et sont sensibles à ses signaux peuvent repérer facilement le jour de l’ovulation: celle-ci s’accompagne de légères douleurs abdominales et d’un mucus vaginal plus fluide et transparent, ressemblant à du blanc d’œuf.
D’autres conditions doivent également être remplies quand on souhaite concevoir un enfant.
Il est tout d’abord nécessaire que, du point de vue physique, les parents, notamment la future mère, soient en bonne santé et que leur organisme soit autant que possible déchargé de ses toxines.
Quand ils veulent avoir un enfant, et pendant les six mois précédant la conception, les futurs géniteurs doivent, par exemple, faire une cure de détoxication: écarter de l’alimentation les substances toxiques et artificielles, renoncer aux habitudes malsaines, comme fumer, boire de l’alcool, prendre des drogues. Après cette période de purification, ils doivent adopter une alimentation saine, privilégiant les produits naturels, bio si possible.
Une détoxication est tout aussi nécessaire au niveau émotionnel. On peut la réaliser par un travail intérieur visant à supprimer les blocages :
- se pardonner et pardonner aux autres,
- se libérer des empreintes émotionnelles du passé ou du clan familial,
- développer son empathie et sa compassion, qui sont des attitudes parentales fondamentales.
On assure ainsi au futur enfant un milieu sécurisant et harmonieux du point de vue émotionnel, qui lui permettra de développer toutes ses potentialités.
La conception de l’enfant dans différentes traditions :
Extrême Orient
Selon les principes du système philosophique et religieux chinois, vieux de plus de 2000 ans, dans certaines conditions il n’est pas recommandé de concevoir un enfant :
- orage ou vent fort,
- lune décroissante,
- si l’un des partenaires est affaibli ou malade,
- si l’un des partenaires se trouve sous l’influence de l’alcool ou d’autres substances toxiques.
Avant la conception, il est également conseillé d’éviter les excès sexuels, afin de tonifier le corps et l’énergie sexuelle.
Inde (médecine ayurvédique)
Quand on souhaite concevoir un enfant, on doit s’y préparer longtemps avant le moment de la conception proprement dite, par :
- une diète appropriée,
- une période d’abstinence,
- une purification spirituelle propre au système de croyances indien, supposant certains rituels.
Les futurs géniteurs doivent être en bonne santé physique, mais aussi mentale et émotionnelle. Ils doivent donc commencer par soigner leurs problèmes de santé, en utilisant des remèdes ayurvédiques, là où c’est possible.
Judaïsme
Dans la tradition judaïque, pour que la conception ait lieu, les parents doivent visualiser l’enfant en train de descendre au-dessus du lit nuptial. L’éducation de l’enfant commence dès sa conception.
Australie (aborigène)
Selon la tradition des aborigènes d’Australie, le père de l’enfant qui sera conçu devrait le voir en rêve avant sa venue au monde.
Afrique
Il y a une tribu en Afrique Orientale où l’art de la véritable intimité et l’attachement sont fortement encouragés avant la naissance du bébé. Pour cette tribu, la date de naissance d’un enfant n’est pas celle de sa venue au monde ou de sa conception, comme dans d’autres cultures. Pour les membres de cette tribu, la date de naissance est le jour où l’idée d’avoir un bébé effleure l’esprit de la femme.
Consciente de son intention d’avoir un enfant avec un certain homme, la femme se retire dans la solitude. Elle reste là, attentive, à l’écoute, jusqu’à ce qu’elle entende une mélodie – qui sera la chanson de l’enfant qu’elle veut concevoir.
Dès qu’elle entend cette chanson, elle rentre au village et l’apprend au futur père, pour qu’ils puissent la chanter ensemble, en faisant l’amour et en invitant l’enfant à les rejoindre.
Après avoir conçu l’enfant, elle lui chante la chanson pendant qu’elle le porte en son sein. Ensuite, elle apprend la chanson aux vieilles femmes et aux sages-femmes du village, pour que, pendant le travail et les moments sublimes de l’accouchement, elles accueillent l’enfant en chantant cette mélodie.
Après la naissance du bébé, tous les membres de la tribu lui chantent cette chanson à chaque fois qu’il se fait du mal, se blesse ou tombe malade. Pendant son enfance et sa jeunesse, ils la lui chantent lors de certains rituels, de certaines initiations et à chaque fois qu’il remporte une victoire. La même chanson est intégrée à la cérémonie de son mariage et elle l’accompagne sur son lit de mort, lorsque les personnes chères la lui chantent pour la dernière fois.
Se préparer pour transmettre la vie
Par Jacqueline et André Grobéty, sophrologues :
Abraham Lincoln disait : «Si je disposais de six heures pour abattre un arbre, je consacrerais les quatre premières heures à aiguiser ma hache».
Comment mieux dire l’importance de la préparation à l’arrivée d’un enfant, que la plupart des futurs parents appliquent dans le monde objectif ? Comme son nom l’indique, le monde objectif est celui des objets, des choses concrètes. Ainsi, avec beaucoup d’attention, les futurs parents arrangent-ils à l’avance la chambre du bébé, y installent un berceau confortable, remplissent les armoires d’habits et achètent toutes les choses nécessaires au confort de l’enfant à venir. Mais qu’en est-il de la préparation subjective, celle liée aux sujets, c’est-à-dire les futurs parents ?
En général, l’acte de conception est perçu comme un événement purement biologique, qui se fait sans préparation psychologique et physique. En s’accouplant, l’homme et la femme laissent faire la nature et le hasard. Le plus souvent, la nature et le hasard font bien les choses, mais pas toujours. Par manque de préparation subjective, les événements ne se déroulent alors pas comme prévu et plusieurs problèmes surgissent. Il serait cependant naïf de considérer que la préparation suffit à écarter tout problème. Mais, comme le dit l’adage : «Un homme averti en vaut deux».
Voici quelques pistes pratiques pour se préparer à transmettre la vie :
1. L’hygiène corporelle
On peut aisément comprendre et admettre qu’avant de concevoir un enfant, il est important d’avoir un corps sain. Les futurs parents doivent éviter tout ce qui intoxique l’organisme. La fumée, les drogues, les excès d’alcool, les aliments trafiqués devraient être bannis. Les activités corporelles, adaptées aux capacités de chacun, ont un effet prophylactique évident. Sauf contre-indication médicale, marcher, courir, nager, transpirer, respirer (si possible en milieu naturel) sont autant d’actions simples qui préparent le « terrain » corporel des futurs parents et participent au potentiel-santé de l’enfant à naître.
2. L’hygiène psychologique
De récentes études en psychologie ont démontré qu’en plus du patrimoine génétique physique, les parents transmettent à leurs enfants leur capital psychologique. La responsabilité des futurs parents ne s’arrête donc pas à l’aspect physiologique de la conception. Ils doivent prendre conscience que leur état intérieur se transmettra également à leur enfant. Pour se préparer psychologiquement, il est bon de participer à des séances de yoga, de sophrologie ou de toute autre discipline où la pensée positive est cultivée. Verbaliser son ressenti avec son ou sa partenaire permet d’éviter les non-dits, dont on sait qu’ils peuvent laisser des traces douloureuses dans l’âme humaine. Se préserver des sources d’information négatives (télévision, films violents, lectures tendancieuses, etc.) aide l’être humain à faire le ménage dans son for intérieur. Ecouter de la « belle » musique, côtoyer des personnes qui ont une vision positive de l’existence, s’immerger dans la nature, sont autant de moyens pour se préparer à transmettre la vie.
3. L’ouverture spirituelle
Les personnes qui acceptent une vision transcendante de l’existence peuvent trouver dans l’ouverture spirituelle un troisième pilier pour une saine préparation à la conception. L’ampleur et l’intimité de ce domaine sont telles qu’il ne nous appartient pas de guider les gens dans une direction ou une autre, mais l’honnêteté et l’exhaustivité de nos propositions dictent que nous l’évoquions.
Pour conclure ce bref exposé, encore un adage bien connu «Mieux vaut prévenir que guérir» ou, autrement dit, mieux vaut se préparer que réparer.

Approche épigénétique de la grossesse
Par François AMIGUES, ostéopathe :
Après avoir affirmé que tout se jouait avant six ans, puis trois ans, puis à la naissance, on se rend compte maintenant que c’est au niveau du «terrain parental préconceptionnel» que se détermine en fait la santé du futur individu.
S‘il est devenu plus clair que les fondements de la santé de l’enfant se préparent avant même la conception, c’est cependant durant la vie prénatale que nombre d’influences environnementales induites par la mère, le couple et leur environnement direct et indirect, ont un impact très important sur l’encodage génétique, dominant la santé de l’individu. Il existe donc une période «sensible» d’imprégnation environnant la génétique parentale préconceptionnelle, l’œuf, l’embryon, le fœtus et le nouveau-né, où se fonde et s’enracine la santé potentielle de l’être humain. La véritable éducation de l’enfant ne semble pouvoir se faire que par une attention toute particulière des parents, et notamment de la mère, portée à la vie prénatale. Après la naissance, tout est en place et les efforts éducatifs peuvent seulement tendre à dresser des comportements sociaux selon le support constitutionnel de l’enfant qui les intégrera de façon naturelle ou forcée.
Précurseur en la matière, Thomas Verny a démontré l’importance de la vie prénatale. L’enfant se forme dans la nuit utérine selon un ensemble de stimuli maternels agissant sur son développement embryonnaire et selon des forces morphogénétiques chères à David Bohm et Rupert Sheldrake. Ceux-ci furent les premiers à remettre en cause le déterminisme génétique en relevant l’existence d’une véritable plasticité génétique «sensori-modelante» qui peut modifier le génome initial tout au long de la grossesse.
Les découvertes de Bruce Lipton sur la plasticité protéique de l’ADN ont alors bouleversé toutes les théories génétiques préalables, par la confirmation des observations cliniques ayant conduit à l’hypothèse d’une plasticité génétique interactive entre la mère et le fœtus. Ces découvertes firent basculer l’approche de la vie prénatale vers des perspectives de santé sociale durables.
En effet, la découverte de l’épigénétique a requis plus de trente années de recherche et d’approfondissements, pour être finalement corroborée par un ensemble de chercheurs. Le milieu universitaire a découvert tout récemment l’ampleur des applications que l’épigénétique peut apporter au monde.
Il reste cependant tout à faire pour tirer profit de la découverte des lois de l’épigénétique, aussi bien en médecine qu’auprès des jeunes couples de notre époque.
Par exemple, une cicatrice non traitée est un tissu rétractile qui, avec le temps, génère des tensions sur une zone. Cet état tissulaire pathologique finit par influencer toute une région, puis le corps en entier. Un mal-être émotionnel et psychique en découle, dont la nature dépend des zones lésées (ainsi, si une telle zone est proche du foie, un sentiment d’inassouvissement apparaît, en rapport avec les fonctions de stockage en graisse ou en glucose). Ces lésions et les champs électromagnétiques correspondants sont alors capables de recoder la génétique du corps afin de l’entretenir tout en s’adaptant à ce nouvel état. Toute information reçue ultérieurement par cet organisme sera perçue à travers les lunettes de ces états internes acquis. Ceci explique qu’un même stimulus puisse apporter des réponses différentes à deux organismes de même type.
La neurologie cognitive, une porte ouverte sur l’épigénétique
Les chaires de neurologie cognitives qui ont vu le jour un peu partout dans le monde sont le fruit des recherches étonnantes de la psychiatrie, première science à avoir révélé un champ de correspondances à double sens entre l’état du corps et celui des humeurs et du psychisme (somato-psychique et psychosomatique). Les universités ont investi dans de nombreuses recherches pour établir des correspondances grâce à d’autres approches complémentaires, comme l’éthologie. Cette dernière, appliquée avec brio par l’éminent Boris Cyrulnik, a démontré des résultats étonnants dans la récupération du retard de développement psycho-sensori-moteur chez des enfants attachés pendant toute leur jeunesse dans les orphelinats de Roumanie : Boris Cyrulnik, en observant des enfants abandonnés en Roumanie, très dégradés du point de vue du développement physique et psychique, eut l’idée de faire passer des scanners qui montrèrent une atrophie proche de patients lobotomisés. Pourtant, placés dans des familles d’accueil, ces enfants montraient une disparition de l’atrophie neuro-limbique en moins d’un an ! Si on modifie le milieu, on modifie non seulement la manière dont fonctionne le cerveau, mais même le support biologique sur lequel s’appuient les fonctionnements cognitifs. On sait donc que les stimulations affectives, tout à fait banales, sont vitales pour structurer l’affectif, montrer qu’on ne peut pas tout se permettre, apprendre à se freiner, à s’intéresser au monde mental des autres.
Là encore, que ce soit dans les prémices des recherches cliniques de George Groddeck ou plus récemment dans les travaux d’Arthur Janov notamment, le même constat est fait d’une «réponse du vivant au milieu qui l’entoure pour s’y adapter». Les stress négatifs ou positifs détermineront une vie allant de la survie extrême à l’épanouissement des plus hauts degrés de manifestation de la vie, tels que la fraternisation et le service des uns aux autres.
C’est sans aucun doute Daniel Goleman qui a le mieux démontré cette réalité par la découverte majeure de ces fameux neurones miroirs reflétant l’environnement pour le ressentir et développer l’empathie, mais aussi comme moyen essentiel d’apprentissage et d’adaptation.

Grossesse et énergie nécessaire
Par Cendrine FUCHS, sage-femme :
Je transmets tout à mon enfant pendant les neuf mois où il vit en moi : pensées, émotions, habitudes, croyances, mal-être ou bien-être, attitude face à la vie.
C’est une période d’intense activité intérieure. Construire ou créer un être humain physiquement, psychiquement, émotionnellement est un travail à 100 %, invisible durant les trois premiers mois et indétectable, d’où la difficulté de le concevoir pour les pères et les mères. Une grande partie de l’énergie vitale est utilisée pour ce travail. La mère doit continuer à vivre et à fonctionner avec beaucoup moins d’énergie que d’habitude, car la vie privilégie la vie et donne en priorité l’énergie nécessaire à l’utérus. La mère passe en second plan. Donc, la logique et l’intelligence voudraient que la mère diminue son travail et ses activités sociales afin de ne pas vivre au-dessus de ses moyens et de ne pas puiser dans son capital santé.
Pour vivre sa grossesse dans les meilleures conditions tout ayant encore assez d’énergie pour l’accouchement et l’allaitement puis, pour s’occuper complètement d’un être dépendant, il faut d’une part dépenser moins d’énergie que d’habitude pour le quotidien et la digestion et, d’autre part, prendre du temps pour gagner de l’énergie grâce à l’hygiène de vie ou une thérapie. Pendant la grossesse, la mère perd environ un quart de l’énergie nécessaire à la digestion, au cerveau, aux muscles, à l’immunité. Cela explique un grand nombre de troubles de la grossesse, comme nausées, fatigue, baisse de la mémoire, du moral et de la patience, etc. C’est la raison pour laquelle un apport d’énergie est toujours le bienvenu.
Pendant la grossesse, à chacun son rôle.
Le père est à l’extérieur. Ses pensées, son énergie, ses paroles et leur contenu, tout comme l’impact de ses actes, parviennent au bébé à travers les émotions et les sentiments de la mère. C’est au père que revient la responsabilité de l’ambiance, de l’environnement et des conditions de vie. Il doit sécuriser la maman et la soulager des tâches fatigantes, comme les courses et les travaux ménagers, comprendre sa fatigue, limiter la vie sociale.
Pour la mère, le travail est intérieur et implique :
Qu’elle pense à elle, à ce qui est juste, acceptable et confortable pour elle. Qu’elle sache qu’elle est le garant du bien-être de son enfant, qu’elle soit attentive à ce qu’elle ressent – bien-être ou mal être – afin de prolonger cet état ou d’y remédier. Qu’elle comble ses besoins (relaxation, paix, beauté).
Qu’elle soit consciente de son attitude intérieure face à la vie, aux événements et à ses pensées, car l’enfant apprend en même temps qu’il se construit.
Qu’elle se tienne à l’écoute d’elle-même et soit présente à son bébé. Cette présence apporte la sécurité et la confiance à l’enfant, lui permettant de construire les mêmes qualités en lui. Lorsque je suis chez moi et que je m’occupe de moi, j’écoute mon intelligence innée, et non l’extérieur, le bruit des autres. En observant mes pensées, mes émotions, mes croyances et réactions, je peux mettre le doigt sur ce qui m’empêche d’être bien, y remédier ou compenser tout de suite. Quel apprentissage pour mon bébé, qui est là, avec moi, qui ressent et enregistre toutes les informations !
Que la maman accueille cauchemars et angoisses, sans juger ni s’effrayer. La période de la grossesse voit les défenses habituelles tomber, laissant apparaître des problématiques de fond. La mère a là une occasion exceptionnelle d’entamer une thérapie, véritable cadeau pour elle et pour le bébé.
Le vécu positif et le vécu négatif sont comptabilisés. Idéalement, chaque être cherche à ce que le positif soit plus important que le négatif. Lorsque l’on est conscient de cela, on peut choisir ce que l’on vit et se protéger de beaucoup de pollutions (images, paroles, bruit, stress, etc.) ou contrebalancer un vécu négatif. Exemple : si je vis une journée stressante, je vais consciemment m’octroyer un long moment de détente, de plaisir, de belles pensées, de beauté. Cela peut être une balade dans la nature, l’écoute d’un CD qui me plaît et me ressource, une méditation ou une relaxation, un câlin, etc.
La vie prénatale est faite d’instants où tout se met en place, où des décisions sont prises par le fœtus en fonction de ce qu’il vit et des suppositions qu’il fait, car le bébé ne vit aucune séparation, il est tout et tout le monde. Donc, il se sent responsable de tout chagrin, tristesse, angoisse, stress, joie que la mère éprouve, d’où l’importance pour la mère d’être présente à elle-même, attentive à ses émotions et prête à expliquer à son bébé que ce qu’elle vit lui appartient à elle, et qu’il n’y est pour rien. Cela le décharge de la responsabilité qu’il a tendance à prendre naturellement et qui lui pèse beaucoup.
Lorsque je suis ici et maintenant, je suis dans l’instant présent. C’est là où tout se joue et que tout est possible. Lorsque je suis présente à moi-même, je suis toute puissante. Tout découle de cette présence à moi-même ou de cette absence. Être en dedans, aligné, c’est être en équilibre, centré, stable, juste pour soi et créatif. Être en dehors, c’est être absent, décentré, en déséquilibre, dans le doute, chez le voisin.
Nos pensées, émotions, actes, paroles sont perçus et enregistrés par l’enfant à différents niveaux : les oreilles, le plexus, la peau, les yeux captent et enregistrent tout à l’état brut, au premier degré, sans conscience ni analyse. Il appartient aux parents de choisir ce qu’ils veulent entendre, penser, voir, dire et faire. Il ne suffit pas d’une fois, c’est la répétition qui donne de l’importance et inscrit dans l’esprit et la cellule. Cela devient une croyance, une habitude, une réalité inéluctable. On doit retenir que l’enfant apprend par imitation dès la conception, d’où l’importance pour les parents d’être des modèles.

Grossesse – voyage vertigineux
Par Claude PIPITONE, naturopathe :
Tout commence avec un petit têtard obstiné de quelques millièmes de millimètres et porteur de quelques milliardièmes de chromosome, éjecté avec 300 000 congénères de la virilité paternelle à une vitesse de 10 km/heure.
Flagelle au plancher, 1 cm/heure, ses mitochondries autour du cou et son potentiel génétique protégé par une espèce de casque de cycliste, le voilà qui escalade la glaire cervicale, l’échelle magique, dilatée par l’œstrogène, l’hormone du désir. Tous les enfants sur terre sont désirés, car sans œstrogène, sans désir, il ne peut y avoir de fécondation.
Sans se tromper, c’est à dire sans se tromper de trompe (vous me suivez ?), au bout de 15 cm de voyage, revitalisé par le glycogène de l’utérus, le voilà avec quelques centaines de congénères en vue de l’ovocyte. L’ovocyte, 85 000 fois plus grand que lui. Planète énorme pour cette capsule spatiale minuscule. L’ovocyte, seul objectif visible, choisi entre les 400 000 autres ovocytes stockés dans les ovaires.
Et la rencontre se fait, l’ovocyte choisit le spermatozoïde au potentiel génétique le plus éloigné du sien, s’ouvre à lui et se referme instantanément. Première cellule et, très vite, quelques centaines d’autres, pareilles à des mûres ou framboises d’un dixième de millimètre, roulent vers l’utérus, comme vers une terre promise. Au cinquième jour, la première mue de l’humanité amène la perte de la membrane pellucide ; on perd « la paix lucide », on roule vers la Terre. Huit semaines après, on est passé de 1 cellule à 8 milliards, et si ce rythme était prolongé jusqu’à la naissance, un être humain aurait un crâne équivalent au globe terrestre ! Si la vitesse de la croissance d’un enfant de 1 à 10 ans était celle de l’embryon humain, une grossesse humaine devrait durer 500 millions d’années, soit l’équivalent de la vie sur Terre !
Dans les deux premiers mois de vie, les étapes successives de votre morphologie, de l’amibe à l’embryon (nageoires, queue, extrémités palmées) vous ont fait traverser virtuellement toutes les espèces connues sur Terre. Voilà l’Arche de Noé abritée dans le ventre maternel. Voilà dans ce corps comme un don d’amour pour accueillir chaque être humain. Son ocytocine, ses œstrogènes, sa progestérone ont préparé et entretenu votre nid dans la mère universelle.
La femme enceinte, «en sainte» – et rappelez-vous que la sainteté est joyeuse – aura besoin de la sagesse, comme la femme en sainte aura besoin de la sage-femme pour parvenir à la réussite : un nouvel ÊTRE sur TERRE.